"Sa prose, c’était du nectar, c’était de l’ambroisie, une hymne à la langue, j’en avais chaque fois les tripes tordues."
"Déguster est un acte de plaisir, écrire ce plaisir est un fait artistique mais la seule vraie œuvre d’art, en définitive, c’est le festin de
l’autre."
"La tomate crue, dévorée dans le jardin sitôt récoltée, c’est la corne d’abondance des sensations simples, une cascade qui essaime dans la bouche et
en réunit tous les plaisirs. La résistance de la peau tendue, juste un peu, juste assez, le fondant des tissus, cette liqueur pépineuse qui s’écoule au coin des lèvres et qu’on essuie sans
crainte d’en tacher ses doigts, cette petite boule charnue qui déverse en nous des torrents de nature : voilà la tomate, voilà l’aventure."
C’est le plus grand critique culinaire du monde, le Pape de la gastronomie, le Messie des agapes somptueuses. Demain, il va mourir. Il le
sait et il n’en a cure : aux portes de la mort, il est en quête d’une saveur qui lui trotte dans le coeur, une saveur d’enfance ou d’adolescence, un mets originel et merveilleux dont il pressent
qu’il vaut bien plus que tous ses festins de gourmet accompli."
Alors il se souvient. Silencieusement, parfois frénétiquement, il vogue au gré des méandres de sa mémoire gustative, il plonge dans les cocottes
de son enfance, il en arpente les plages et les potagers, entre campagne et parfums, odeurs et saveurs, fragrances, fumets, gibiers, viandes, poissons et premiers alcools… Il se souvient – et il
ne trouve pas. Pas encore.
Muriel Barbery - Une Gourmandise
Lundi 27 septembre
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14:46
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